S’il est un sujet très prenant à l’école fondamentale, c’est bien la lecture ! Un grand défi que d’apprendre aux élèves à lire. Lire : ce mot si simple et qui pourtant englobe tellement de compétences. Qu’est-ce qu’un bon lecteur ? Celui qui déchiffrera rapidement le plus de syllabes ? Celui qui reconnait rapidement des mots fréquemment utilisés ? Je crois que la lecture, c’est surtout une ouverture au monde : et c’est ce qui explique à quel point le sens de la lecture est si impérieux. Pourquoi lit-on ? Les enseignants sont confrontés à un énorme défi. Donner envie de lire. Faire dépasser par l’enfant la difficulté que représente la lecture parce qu’il y puise un sens qui lui « parle ». Lire pour apprendre. Lire pour agir. Lire pour comprendre. Lire pour découvrir. Lire pour s’épanouir. Lire pour le plaisir. La liste est longue, tout comme le chemin. Dans cette course folle, le numérique joue un rôle incontournable. D’abord parce qu’il redéfinit l’écriture et la lecture. Les contenus enrichis envahissent les écrans et même les livres… numériques. Cela bouscule notre rapport à l’écrit : la mise en forme, le contenu tout comme notre façon de consommer l’écrit. Dans cette cacophonie émergent aussi les livres audios. Notre vie est à ce point trépidante que d’autres personnes lisent pour nous. C’est avec le positif et le négatif de notre évolution digitale que l’enseignant marquera son empreinte en ajustant la note pour se mettre à la page. Aujourd’hui, je vous propose d’imaginer créer des audiobooks avec vos élèves. Tout comme bon nombre des activités présentées ici, ce projet peut être celui d’une école primaire entière, et même en incluant des maternelles. Pour rester sobre, je vais vous présenter l’activité comme pour un titulaire et sa classe. Vous saurez lire entre les lignes et pousser l’écrit dans ses derniers branchements.

Résultat final

Vous trouverez ci-dessous un descriptif détaillé de l’activité. Je vous propose néanmoins d’accéder à la réalisation finale pour en comprendre la finalité. J’ajoute qu’il est certainement possible d’obtenir un résultat meilleur que celui-ci. Tout dépend du temps dont on dispose pour s’y consacrer.

Le projet suivant a été réalisé avec une classe de quatrième primaire et son enseignante.

Mise à disposition des livres audios sur le site de notre école :

Résumé

Objectif(s)

Partager des livres audios (ou audiobooks) à disposition d’autres classes afin de constituer une bibliothèque d’école.

Pour donner du sens à ce projet et ne pas rester « dans les nuages », il est important de mettre en place des interactions entre les élèves. La mise en place de parrainages entre élèves d’âges différents est très intéressante. Cela provoque des rencontres, des interactions pédagogiques riches et donne une réalité au projet. Une histoire peut être lue par un élève à un autre enfant, avec un accompagnement personnalisé de celui-ci. Cela incitera peut-être l’élève à utiliser en autonomie les audiobooks.

  • Sélectionner des livres pour un enregistrement
  • S’approprier les livres qui seront lus : en comprendre le sens
  • Créer des quizz interactifs
  • Enregistrer la lecture du livre.
  • Créer une bibliothèque numérique

Cette banque de documents audios peut être très intéressante pour les enseignants de l’école. Elle permet d’accéder à un grand nombre de types de textes et de construire des activités autour de ces textes.

Disciplines

  • Français (en fonction des différentes séquences) :
    • Orienter sa parole en fonction de la situation de communication
    • Assurer la présentation

Âge cible

C’est à partir du cycle 8-10 ou supérieur que le projet peut être mis en route. Par contre, une fois le projet lancé, toutes les années peuvent s’impliquer dans le projet (les maternelles également).

Matériel

  • Un appareil pour la prise de son :
    • Le plus simple est d’utiliser une tablette ou un téléphone. Ces outils permettent d’exporter rapidement les enregistrements.
    • Un enregistreur MP3 (plus compliqué puise que cela nécessite de le connecter ensuite à un ordinateur pour récupérer les documents).
    • Un ordinateur peut-être utilisé avec le logiciel Audacity.
  • Il n’est pas nécessaire d’utiliser un micro. Les appareils actuels sont très bien équipés pour capter la voix.
  • Il faut penser évidemment à disposer d’un endroit calme pour faire les enregistrements.
  • Une cloche (voir plus loin)
  • Pour la création des quizz, un ou plusieurs ordinateurs sont nécessaires.

Logiciel / application

Un logiciel de montage audio :

Je vous propose une tutoriel rapide pour maitriser les bases de ce logiciel :

Dans notre école, nous utilisons Google Suite Education. Vous trouverez donc des explications qui se basent sur cet outil. Néanmoins, Microsoft offre exactement les mêmes outils sous d’autres noms. Je conseille fortement d’enregistrer l’école auprès de Microsoft ou Google pour utiliser les outils prévus pour l’éducation : cela offre une certaine garantie quant à l’utilisation des données, mais permet également d’utiliser les outils gratuitement en toute légalité. Enfin, vous aurez à disposition un espace de stockage illimité et gratuit avec des possibilités de partage efficaces et qui s’adapteront à vos besoins.

Une plateforme pour créer des quizz en ligne :

  • Nous avons utilisé Google Forms
  • Microsoft Forms
  • Framaforms : que je privilégierais pour son côté libre, mais il faut s’adapter au fonctionnement en place dans l’école.

Plus-value TICE

  • Sans l’utilisation des technologies, ce projet serait impossible.
  • Accès aux enregistrements à distance : les élèves peuvent écouter des histoires pour le plaisir à la maison et donner un retour en classe.
  • Partage des enregistrements sur le site de l’école.
  • Donne un sens à la lecture : je ne lis pas pour une évaluation par mon enseignant, mais dans un projet de communication.

Je place cette activité sur le niveau « Redéfinition » de l’échelle SAMR.

Descriptif de l’activité

Je vous présente ici la façon dont nous avons construit l’activité en fonction de notre organisation, des élèves, etc. Je vous encourage à vous approprier l’idée pour qu’elle soit complètement adaptée aux besoins de tous les intervenants.

Avant de se lancer dans l’activité, il est essentiel d’avoir pris le temps de s’approprier l’application : je vous invite à créer votre propre animation pour vivre l’activité en tant qu’apprenant.

L’activité nécessite l’organisation de différentes séquences. Certaines sont essentielles pour atteindre les objectifs fixés. Au démarrage de l’activité, il est important que les élèves connaissent l’objectif final du projet.

Lancement du projet

Le projet doit s’insérer dans un projet global autour de la lecture. Il trouvera son sens s’il existe déjà dans la classe une culture du livre. Le titulaire peut par exemple se rendre régulièrement à la bibliothèque avec sa classe, et ce de façon tout à fait gratuite. Le principe est de donner aux élèves le gout à la lecture, mais aussi le gout de partager ses lectures. Des échanges informels ou formels réguliers sur les livres lus seraient un excellent point de départ au projet.

Une fois lancé dans l’école, ce projet s’introduira naturellement d’année en année par « contagion » (à l’heure où j’écris ces lignes, c’est un mot inquiétant – Covid 19).

Processus

Je vais rester branché à l’aspect technologique de l’activité, mais je prends quand même le temps d’énoncer cette étape incontournable : l’enregistrement des livres ne peut se faire qu’à condition que des séquences de découverte du livre aient été réalisées. D’ailleurs les séquences balayeront des champs différents. Certaines seront axées sur la découverte du livre en tant qu’objet (caractéristiques, mise en page, etc.). D’autres auront très à la découverte du contenu (l’histoire en tant que telle).

Lorsque les enfants auront acquis certaines de ces bases, il sera alors naturel d’en arriver à l’enregistrement de l’histoire.

Découverte de l’application

Pour le premier enregistrement, je pense que la présence de l’enseignant est utile : cela permettra d’accompagner les élèves et de leur donner confiance en la maitrise de l’outil. Au préalable, certaines compétences techniques doivent être présentées aux élèves.

Il ne faut pas craindre de laisser les enfants découvrir l’application par eux-mêmes. Pour ma part, je leur demanderais de se présenter : la présentation doit être enregistrée en utilisant l’application désignée par l’enseignant. Dans ce genre de découverte, j’encourage à utiliser l’horizontalité de l’apprentissage : c’est-à-dire que l’enseignant n’est pas le maitre absolu, mais est un référent parmi d’autres élèves référents. Les élèves qui s’en sortent bien peuvent ainsi devenir des soutiens pour d’autres enfants. Dans cette activité, la classe serait formée de binômes. Chaque binôme disposerait d’une tablette ou d’un ordinateur.

Au terme de la découverte, il est indispensable de faire verbaliser les découvertes. Voici les essentiels qui doivent être dégagés :

  • Lancement de l’application
  • Comment lancer un enregistrement
  • Mettre un enregistrement sur pause
  • Arrêter un enregistrement
  • Écouter le résultat
  • Partager le document sur le drive mis à disposition

Enregistrement des livres

Il n’est évidemment pas possible de procéder à des enregistrements collectifs : ce serait la cacophonie et le résultat ne serait pas acceptable. Faire lire les élèves devant la classe, avec les élèves silencieux ne correspond pas à mes ambitions pédagogiques. Ce serait trop frontal. Pour ma part, je construirais avec les élèves un calendrier avec des dates limites d’enregistrement. Les élèves auraient alors le loisir de s’organiser pour fournir le document à la date fixée. Ils auraient la permission de le faire dans une pièce annexe pendant un cours en prenant un rendez-vous avec l’enseignant pour le prévenir de ce moment. Cela peut également être fait pendant les pauses (sans obligation, mais à la discrétion de l’élève).

D’autres prendront l’initiative de le faire chez eux avec leurs propres outils. C’est pour moi une implication dans le projet très intéressante, car l’élève prend alors possession de ses propres outils. Toutefois, cela doit rester libre évidemment : on ne peut en aucun cas imposer aux élèves d’avoir du matériel onéreux.

Pour les livres présentés ici, l’enseignante a utilisé une cloche : l’élève sonne la cloche chaque fois que l’on tourne une page du livre. C’est très intéressant pour les élèves qui écoutent le livre en même temps qu’ils ont le livre en main.

Montage des enregistrement

Tel que nous l’avons vécu, il n’a pas été nécessaire de faire de montage. L’enseignante s’est assurée que les enregistrements étaient corrects dans leur entièreté. J’ajouterais un prolongement à l’activité en permettant aux élèves de faire des petits montages. Audacity est le logiciel parfait pour cela : libre, gratuit et facile d’utilisation.

Voici les différentes compétences essentielles pour ce projet :

  • Couper des parties d’un enregistrement
  • Déplacer des parties d’enregistrement
  • Ajouter des silences
  • Augmenter ou diminuer le volume

On peut bien sûr aller plus loin, en apprenant par exemple à ajouter des bruitages, mais cela nécessite des compétences un peu plus poussées.

Création des quizz

Ce sont les élèves de quatrième qui ont procédé à l’élaboration du contenu des quizz. Ils ont réalisé les quizz avec la méthode efficace du “papier crayon”. J’ai pris le relai avec ma classe de sixième primaire : ils ont reçu les documents des élèves de quatrièmes et ont eu la mission de transposer les quizz en version numérique à l’aide de Google Forms.

Nous avons donc pris un temps de découverte de l’environnement de Google Forms. Pour cela, il ne me semble pas opportun de laisser la découverte aux élèves. Google Forms est plus complexe et nécessite quelques explications pour la prise en main. J’ai donc utilisé un projecteur et nous avons découvert ensemble l’environnement de travail.

Essentiels à dégager avec les élèves :

  • Mettre un titre
  • Maitriser trois types de questions :
    • Les choix multiples
    • Les cases à cocher
    • Les questions ouvertes
  • Ajouter une question
  • Envoyer le quizz à l’enseignant pour correction

Après cette découverte, les élèves ont travaillé en binômes. J’ai rassemblé le nombre d’ordinateurs nécessaires dans les classes pour pouvoir le faire au même moment. Il est possible également de mettre quatre ordinateurs à disposition pendant qu’on vaque à d’autres occupations.

Les sixièmes s’en sortent très bien pour la création de tels formulaires. Je n’ai pas testé avec des élèves plus jeunes.

Partage des réalisations

Cette phase est essentielle, car elle donne tout son sens au projet. Pour le partage des réalisations, nous avons opté pour ceci :

J’ai créé un document avec Google Slide (encore une fois parce que notre école utilise cette plateforme, mais il existe d’autres possibilités). Les avantages d’utiliser Google Slide dans notre contexte :

  • Il est facile d’importer les enregistrements à partir du drive contenant les enregistrements audios.
  • L’environnement de travail permet le placement des images, titres et audio de façon très simple.
  • Le document peut être inséré tel quel sur une page internet et donc le site de notre école.
  • Le document peut-être exporté en PDF et être imprimé.

Vous serez peut-être surpris de lire que nous avons imprimé le document pour des éléments audio. Eh bien, cela a tout son sens parce que nous avons inséré des QR Codes dans le document. Affiché dans le couloir, le document permet aux élèves, enseignants, parents d’accéder aux documents audios ou aux quizz.