
Introduction
Lorsque j’ai découvert l’article de The Conversation intitulé « ChatGPT pose-t-il un risque pour l’apprentissage et la créativité ? Une étude apporte des nuances », je me suis dit qu’il méritait d’être lu et mis en perspective. Ce texte, basé sur une étude récente, rappelle une évidence souvent oubliée : l’impact de l’intelligence artificielle générative (IAg) dépend moins de l’outil que de la manière dont on l’utilise. C’est exactement ce que nous expérimentons en classe primaire : le défi n’est pas de protéger les élèves de l’IAg, mais de leur apprendre à l’utiliser de façon critique et créative.
Dans cet article, je souhaite partager les principaux enseignements de cette étude, les mettre en lien avec d’autres recherches récentes (2023-2025), et proposer des pistes concrètes pour les enseignants du fondamental.
Apprentissage actif et autonomie : un usage à double tranchant
L’étude citée par The Conversation montre que les étudiants ayant utilisé une IAg pour répondre à des questions n’ont pas obtenu de résultats moins bons que ceux qui se limitaient à Internet. Mieux encore, beaucoup ont pris l’habitude de vérifier et compléter les réponses de l’IAg, ce qui a renforcé leur engagement cognitif et leur mémorisation. En d’autres termes, l’IAg peut devenir un tuteur interactif, stimulant la réflexion, à condition que l’élève reste actif.
Mais le risque inverse existe : si l’élève se contente de copier sans réfléchir, l’apprentissage est vidé de son sens. Certains chercheurs parlent alors d’« apprentissage passif », où l’IAg court-circuite le processus formatif. L’enseignant a donc un rôle clé : transformer l’IAg en outil d’entraînement plutôt qu’en machine à réponses.
Créativité : stimulation ou standardisation ?
Sur le plan créatif, les résultats sont tout aussi nuancés. L’IAg peut aider les élèves à surmonter la page blanche, proposer des idées nouvelles, ou multiplier les pistes d’exploration. Des études montrent que ces outils augmentent le nombre d’idées produites lors de séances de brainstorming.
En revanche, il existe un risque de standardisation. Les productions de l’IAg tendent vers des solutions « moyennes », au détriment de l’originalité. On observe ainsi moins de métaphores inédites ou de tournures singulières lorsque l’élève s’appuie trop fortement sur l’IAg. Pire encore, cette dépendance peut fragiliser la confiance des jeunes dans leur propre imagination.
La pédagogie doit donc faire de l’IAg un déclencheur d’idées, pas une béquille permanente. Utiliser une IAg pour générer une base, puis demander aux élèves de critiquer, enrichir et transformer ces propositions, permet de stimuler leur créativité sans l’éteindre.
Le rôle critique de l’enseignant
Ces constats renforcent une conviction : plus la technologie progresse, plus l’accompagnement humain devient stratégique. L’enseignant n’est pas remplacé, mais repositionné. Il devient le garant de l’esprit critique et de l’originalité.
Concrètement, cela peut passer par :
- Des consignes précises : utiliser l’IAg seulement quand une plus-value pédagogique est avérée.
- Des tâches hybrides : autoriser l’IAg pour une partie du travail écrit, mais exiger une justification orale ou une critique personnelle.
- Un travail métacognitif : amener les élèves à comparer les propositions de l’IAg avec leurs propres idées ou d’autres sources.
Feedback humain et feedback de l’IAg : une complémentarité féconde
L’IAg apporte un feedback immédiat, inépuisable et personnalisable. Elle corrige, reformule et propose des alternatives. Mais elle ne remplace pas l’enseignant, qui seul peut donner du sens, de la confiance et une vision contextualisée. L’expérience optimale naît d’une alliance : l’IAg fournit la mécanique, l’enseignant apporte l’empathie et la direction.
Conclusion
L’article de The Conversation nous rappelle une chose simple : l’IAg n’est pas en soi une menace pour l’apprentissage ou la créativité, mais elle peut le devenir si nous la laissons agir sans cadre. À l’inverse, encadrée par un enseignant et intégrée dans une pédagogie active, elle devient un puissant levier d’autonomie et d’expression.
En somme, la question n’est pas « faut-il utiliser l’IAg en classe ? » mais « comment l’utiliser intelligemment ? ». C’est là que réside notre responsabilité de pédagogues.
👉 Et vous, avez-vous déjà testé l’usage de l’IAg avec vos élèves ? Quels effets avez-vous observés sur leur créativité et leur autonomie ?