On me demande assez souvent les compétences que nécessite le poste de référent numérique. Ce n’est pas simple de répondre à une telle question, car c’est un poste très complexe. Je vais essayer ici de vous soumettre mon propre aperçu du profil de référent numérique. Il est évident que ce sont des considérations personnelles : il y a certainement plusieurs façons d’être référent numérique.

Cela fait longtemps que je postpose l’écriture de cet article. Je le fais aujourd’hui un peu en urgence à la demande d’une amie. Il y aura peut-être quelques incohérences de style. Je corrigerai par la suite. N’hésitez pas à me proposer des caractéristiques supplémentaires à travers les commentaires de cet article.

Au fil des lignes, vous découvrirez que c’est un métier à part entière. A la date d’écriture de cet article, sauf exception, aucune école ne dispose d’un poste de référent numérique à part entière et rémunéré. Pour ma part, j’ai reçu 4 heures de missions collectives pour m’occuper entre autres choses de cette fonction. Vous verrez que j’intercale souvent ce travail dans mes pauses et les jours de repos. Cependant, je ne regrette en rien de m’être impliqué dans ce travail. D’abord parce que c’est une réelle passion pour moi (je crois que sans cette passion, il est impossible de tenir ce rôle). Ensuite, parce qu’on se rend compte rapidement de l’importance de ce poste. Cela apporte beaucoup à l’école, aux collègues, aux élèves et parents. C’est un réel besoin et j’éprouve beaucoup de joie à m’impliquer dans mon rôle de référent numérique : parce que cela me plait, parce que cela apporte un bénéfice certain à l’école et parce que c’est une aventure humaine extraordinaire.

Maitrise du sujet

Il n’est évidemment pas possible de tout connaitre dans le monde numérique. Néanmoins, le rôle de référent numérique impose de maitriser plus que les bases. Le référent numérique est amené à réaliser des tâches complexes. La gestion des ENT par exemple demande une compréhension fine de ces aspects.


Expérience du terrain

Mon expérience accumulée sur le terrain au niveau des activités numériques m’est d’une grande aide dans le rôle de référent. Tout d’abord parce que cela facilite l’adaptation aux diverses conditions rencontrées, ensuite parce que cela donne aussi du crédit à ce que je propose aux enseignants. Je pense que mes collègues ont besoin de savoir qu’ils font appel à quelqu’un qui a été dans les mêmes situations.


Technopédagogie

Le numérique implique d’être au fait de certaines méthodes pédagogiques afin de créer des activités qui ont du sens et qui seront adaptées aux besoins de chacun. Il existe divers modèles pédagogiques qui ciblent directement le numérique. Avoir connaissance de ces modèles est d’un grand secours pour s’adapter aux besoins tant des élèves que des enseignants.


Dialoguer

Je crois que c’est peut-être le point le plus important. En effet, le numérique fait peur. C’est un monde à part entière qui implique d’acquérir des aptitudes qui mettent parfois du temps à être intégrées. Le référent numérique a la responsabilité d’accompagner les enseignants dans l’intégration du numérique au sein de l’établissement scolaire. Son rôle premier ne sera pas de fournir des informations, mais de savoir écouter. Il ne s’agit pas de venir avec un projet cadenassé, mais d’ouvrir un dialogue. Pour ma part, cela fait deux ans que j’accompagne chaque cycle et ensuite chaque enseignant en m’adaptant à leurs aptitudes de base, en tenant compte de leurs craintes et en les épaulant dans leurs efforts. Le rôle de référent numérique tient aussi dans la reconnaissance du travail des autres. À travers tout cela, il installera progressivement un cadre de travail où chacun se sentira rassuré, accompagné et mené vers le haut.


Accompagnement de la direction

Certaines directions possèdent bien sûr de bonnes bases numériques, mais il peut arriver que ce ne soit pas le cas. Le référent numérique aura donc la tâche d’accompagner la direction. Tout d’abord pour l’aider à acquérir les compétences numériques qui s’imposent à une vitesse effrénée au travers de circulaires ou de tâches administratives. Ensuite, le référent numérique joue un rôle de coordinateur : il fait des aller-retour entre les enseignants et la direction afin de mutualiser les efforts. Le référent numérique sera également un soutien pour l’achat de matériel et cela doit se faire évidemment sur base de réflexions avec la direction.


Connaissances sur le matériel et les logiciels

Il arrive fréquemment que le référent numérique soit amené à dépanner du matériel. On parle ici d’ordinateurs fixes ou portables, de tablettes, de projecteurs, d’enceintes, etc. La liste est longue. Il est plus simple de pouvoir réparer les pannes habituelles ou d’être capable de réinstaller le système d’exploitation d’un matériel.


Formation continue

Pour ma part, je me suis formé de façon autonome. Il existe de nombreux moyens. J’aime me lancer des défis et des projets que j’essaye de mener à terme. Je me base sur des lectures de livre, des sites internet, des vidéos YouTube, etc. Au fil du temps, j’ai découvert des sources d’informations sérieuses et adaptées à mes besoins. Lorsque j’ai commencé, les formations n’existaient pas dans ce domaine. Ces dernières années (COVID oblige), les formations deviennent nombreuses. Je continue à suivre ces formations, mais je reste souvent sur ma faim. Il est difficile de trouver des formations qui partent de votre niveau, sauf si vous êtes novices. Toujours est-il que je trouve le processus de formation très lent par rapport au rythme endiablé qu’impose la tâche de référent numérique. Je me vois mal proposer à une collègue d’attendre quelques mois avant de trouver une solution à son problème. J’apprécie beaucoup les communautés qui se construisent sur les réseaux et rassemblent des référents numériques ou des passionnés. C’est un processus dynamique et très efficace. Réaliser ce site internet est une formation en soi pour moi. Cela me motive à progresser.


Motivation

Le rôle de référent numérique est très exigeant au niveau du rythme, du temps et de l’énergie. Je ne compte pas le nombre de concertations, formation autonome, réparation de matériel, installation de matériel, etc. J’ai commencé à constituer un document pour noter mes heures de travail et ce à quoi je les employais. J’ai abandonné : la réalisation de ce document était en soi un travail colossal et me donnait le vertige.


Continuité

Le référent numérique doit avoir une vision macro de son école, tout au moins au niveau numérique. Au fur et à mesure de mes rencontres de cycle, je pose des bases construites avec mes collègues et mon rôle est de guider les enseignants vers une cohérence. C’est un équilibre délicat à trouver entre l’autonomie de chacun et la continuité des pratiques dans l’école. Il faut donc avoir une vision claire et être capable de dégager rapidement des structures tout en anticipant chaque action.


Déléguer

Si d’autres personnes ont des bases numériques, le référent numérique pourra tirer parti des atouts de chacun. Le fait de délégué a deux intérêts. D’abord, cela permet de se décharger de certaines tâches dont l’accumulation rend le travail du référent excessif.. Ensuite, le fait de déléguer contribue à donner de la reconnaissance aux autres. Ce que j’apprécie par-dessus tout, c’est de pouvoir déléguer à des collègues qui au départ ne maitrisait pas du tout la tâche en question. À force d’accompagnement et d’efforts collectifs, ces personnes sont devenues expertes. Comme je le disais plus haut, cela participe à l’autoformation. Dès l’instant où cette impulsion est convertie en mouvement perpétuel, on obtient une équipe efficace et solidaire.


Créateur de contenu

Un référent numérique sera amené à créer des documents à destination de tous les acteurs de l’école. Je ne compte plus le nombre de tutoriels vidéos ou autres. C’est une tâche très importante, car elle permet d’alléger grandement la tâche du référent, tout en rendant les gens plus autonomes.


Animateur d’activités numériques

Récemment, j’ai reçu 4 heures en missions collectives. Je suis amené à soutenir ma direction pendant ces heures, mais aussi à animer des ateliers numériques dans certaines classes. J’aime beaucoup cela : après avoir discuté avec l’enseignant ou le cycle, je réfléchis à une activité qui répondra à leurs besoins. Je viens ensuite dans la classe pour animer l’activité. Cela me permet de montrer aux enseignants que le numérique n’est pas une fin en soi : la partie la plus importante est leur activité de départ, le numérique ajoute un élément supplémentaire. Le tout s’imbrique harmonieusement pour mettre en place un dispositif où l’enfant est acteur.