Je vous l’avoue, j’ai un peu joué sur les mots dans le titre de cet article. En effet, à l’heure où j’écris la description de ce projet, les articles autour de l’échec scolaire foisonnent. S’il est question d’échecs, c’est bien du jeu dont je parle : le jeu d’échecs.

Objectif numérique : concevoir des pièces d’échecs et les imprimer

Niveau requis : cycle 4, 5/6, à partir de 10 ans

Application en ligne ou sur tablette : Thinkercad

L’idéal serait d’avoir un budget d’école pour se lancer dans l’aventure. Dans mon cas, je finance moi-même le projet.

Instaurer la politique de l’échec en classe

Depuis cette année, je m’évertue à intégrer les échecs dans quelques temps scolaires. J’ai été surpris de voir que les élèves ont finalement accroché à l’idée et aiment se défier régulièrement. Master Robot est un site consacré à l’intégration numérique : rassurez-vous, il sera bien question de technologie. Toutefois, il est raisonnable de se questionner sur l’intérêt des échecs au sein d’une classe et d’une école. Pour rester centré sur l’aspect numérique dans mon article, je vais vous diriger vers quelques liens intéressants dont les articles abordent l’utilité des échecs en milieu scolaire :

Comme une impression d’échecs

Nous voici dans le vif du sujet. Je suis le fier propriétaire d’une imprimante 3D. Je ne vais pas m’étendre ici sur les atouts pour les enseignants (qui sont nombreux). Il y a une section que je consacre à mes tâtonnements 3D sur Master Robot ici. Mon projet de création est divisé en deux étapes :

Des impressions personnelles

Au départ, j’ai commencé timidement par un jeu d’échecs acheté à bas prix en magasin. Je voulais d’abord voir l’effet de la proposition sur mes élèves. Par bonheur, un élève s’intéressait aux échecs et cela a donné une sérieuse impulsion à l’intégration du jeu dans les habitudes. J’ai récupéré ça et là un ou deux autres jeux. Le fait d’ajouter les plateaux de jeux progressivement a initié une dynamique de tournois de façon implicite. Spontanément, les élèves se défiaient dans des joutes respectueuses. Ainsi s’achevait l’année scolaire : les échecs étaient devenus un des choix premiers dans les activités libres pour les élèves. Mon problème évidemment réside dans le nombre de jeux disponibles. Pour l’instant, le nombre de plateaux disponibles est insuffisant pour répondre à la demande croissante des élèves.

Je n’avais pas spécialement envie de proposer aux élèves des styles de jeux standards en achetant des lots dans des enseignes de grande distribution. J’ai donc décidé de mettre mon imprimante 3D à contribution. Me voici donc en train d’imprimer quelques jeux. Dans le monde de l’impression 3D, il faut être patient. L’impression d’un set prend deux jours. Je pourrais aller un peu plus vite, mais je préfère utiliser des paramètres d’impression qui me garantissent une impression de bonne qualité. J’aime l’idée d’être maitre du jeu de l’idée à la mise en place en passant par la fabrication.

Je n’ai pas conçu les modèles 3D : ce n’était pas utile dans la mesure où l’on trouve de nombreux modèles de jeux d’échecs sur divers sites de partage. Pour ma part, j’ai trouvé les modèles sur Thingiverse : lien. Je ne voyais pas l’intérêt de perdre du temps à créer des choses qui existent déjà dans la mesure où mon objectif était simplement de m’équiper.

Jeux d’enfants

Cette partie n’a pas encore été réalisée, mais le sera l’année prochaine. Au moment où j’écris ces lignes, ce sont les grandes vacances : je planifie le projet de l’année. Proposer aux élèves des pièces imprimées par moi-même n’est pas complètement innocent. Le but est de leur montrer que c’est possible. En effet, je vais équiper la classe d’une petite imprimante 3D. Elle nous permettra de développer divers projets (je consacrerai prochainement un article sur les atouts de l’impression 3D en classe). Dans notre cas, vous l’aurez compris, l’imprimante permettra aux élèves d’imprimer leur propre jeu. Comme je l’expliquais plus haut, j’ai utilisé des modèles existants pour imprimer les jeux. La démarche ici sera toute autre.

En effet, ce sont les enfants qui concevront le modèle 3D de leurs pièces. Ils créeront chaque pièce dans un logiciel de modélisation et iront jusqu’à l’imprimer pour ensuite jouer avec leur réalisation. Je suis persuadé que vous visualisez clairement les atouts pédagogiques de cette démarche :

  • Mise en œuvre de compétences en solides et figures (polygones, non-polygones, polyèdres, non polyèdres, angles, etc.).
  • Réalisation de plans
  • Application concrète à partir de matières abstraites abordées en classe
  • Développement de l’imagination pour la conception des pièces
  • Fonctionnement de micro-entreprises
  • Collaboration
  • Mise en œuvre de compétences en grandeurs (mesures, proportionnalité, échelle, etc.).

Les élèves travailleront par petites équipes (imprimer autant de jeux que d’élèves serait trop long). Ces petites équipes formeraient des microentreprises pour lesquelles ils s’attribueraient un nom.

N’ayez crainte, les élèves s’en sortiront très bien. Je crois que la vraie crainte pourrait résider dans la maitrise de l’enseignant. Concernant la conception des pièces, je pense que c’est à la portée de celui qui prendra le temps de s’approprier le logiciel utilisé (j’en parle un peu plus bas). Par contre, l’impression 3D nécessite un certain savoir et certaines compétences. Encore une fois, c’est à la portée de tous, mais cela vous demandera un peu plus de temps, car l’enseignant doit au préalable maitriser le sujet.

Pour la conception 3D des pièces par les élèves, je vous conseille un « logiciel » qui n’est pas libre (malheureusement), mais qui sera pleinement adapté au niveau des élèves. Lorsque je conçois des modèles, j’utilise le très efficace logiciel libre FreeCad, mais il est bien trop complexe pour des élèves du primaire. Ce que je vous propose d’utiliser avec vos élèves, c’est l’application « Thinkercad ». Gratuite (mais pas libre), son utilisation nécessitera une inscription. Cette application offre une prise en main instinctive et les élèves se l’approprieront en quelques minutes. Bien sûr, avant de passer à la conception des pièces d’échecs, je vous invite à passer par des étapes de découverte :

  • Découverte libre
  • Mise en commun de la prise en main
  • Petits défis simple de conception

Les logiciels de conception 3D nécessitent souvent des machines relativement puissantes. Ce n’est pas le cas de Thinkercad : elle fonctionne dans un navigateur lorsque vous êtes sur PC et vous trouverez aisément les applications pour les iPad et tablettes Android.

Une fois la conception terminée, les enfants pourront passer à l’impression des pièces et quelques heures plus tard se défier avec leurs propres modèles.

Les échecs, un courant d’art

Si le jeu en tant que tel peut être considéré comme un art, ce n’est pas l’action de jouer qui va nous occuper ici, mais l’objet en tant que tel. En effet, les pièces d’échecs peuvent se transformer en véritables œuvres d’art. En lançant les élèves sur la conception de leurs propres modèles, l’idée est également de les pousser à innover dans la forme du jeu. C’est pour cette raison que j’ai choisi des modèles particuliers pour mes impressions personnelles. En effet, j’ai choisi des pièces que l’on peut associer à des courants d’arts ou plus précisément, dans ma démarches, en courant architecturaux.

En proposant des pièces qui sortent des sentiers battus, j’insuffle à mes élèves l’idée qu’il existe d’autres alternatives aux modèles « grandes distributions ».

Voici les modèles que j’ai choisis

Le modèle Bauhaus : https://www.thingiverse.com/thing:6976

Le modèle minimaliste contemporain : https://www.thingiverse.com/thing:3049393

Le modèle hexagonal : https://www.thingiverse.com/thing:4901226

Le modèle en spirale : https://www.thingiverse.com/thing:470700

Du pion sur la planche

Il reste une dernière étape au projet : les planches de jeu. Il sera évidemment intéressant de les faire construire par les élèves. Tracer ces carrés contenus dans un carré principal relève du défi : les instruments de traçage et de mesure vont chauffer. Cela sera un travail idéal pour accompagner la création des pièces de chaque équipe. L’idée sera d’utiliser des planches de millimètres d’épaisseur. Les planches que l’on utilise souvent pour créer les fonds de meubles. Voici un exemple, je ne vous pousse pas à l’acheter à cet endroit-là, ce n’est que pour illustrer mes propos : lien.

Pour les Jeux que je vais fournir aux élèves, je vais fournir des planches. Encore une fois, mon objectif ici est un peu différent puisqu’il consiste à fournir aux élèves du matériel directement utilisable. Pour ce faire, je vais utiliser un modèle libre que j’ai trouvé sur OpenClipart : lien. J’ai choisi ce modèle, car j’aime la disposition des coordonnées. L’avantage, c’est que l’on peut télécharger le fichier au format vectoriel, ce qui permet de le modifier à souhait (pour cela, je vous conseille le logiciel Inkscape). J’imprimerai le modèle au format A3 et les plastifierai pour ensuite les coller sur les planches présentées un peu plus haut. La plastification permettra de les conserver à long terme, mais également permettra aux élèves d’utiliser des marqueurs effaçables. Par exemple, pour écrire leurs noms ou d’autres observations.

Encore une fois, au-delà du numérique, la réalisation de ces planches sera aussi l’occasion de s’entrainer par exemple à l’utilisation des coordonnées.

Prolongation robotique

C’est un peu la cerise sur le gâteau. En fonction de l’avancement du projet. Je compte créer une planche d’échec qui sera adaptée à un usage avec un robot (Thymio ou Lego). Les robots feront office de pièces d’échecs et les élèves pourront coder les mouvements des robots pour présenter un coup d’échecs.

Jouer en ligne

Pour terminer cet article, je partage avec vous un site libre et en français. Mes élèves l’utilisent pour jouer en ligne chez eux par exemple. L’avantage, c’est que lorsqu’on est seul, l’ordinateur fait un excellent partenaire. Sa disponibilité en ligne le rend multiplateforme et ne nécessite aucune ressource lourde par plus qu’il n’impose d’installation compliquée pour les élèves. Les élèves peuvent également s’affronter à distance grâce à des outils de partage.

Lien : Lichess

Description Wikipédia :

Lichess ([‘liːtʃɛs]) est un site web de jeu d’échecs créé en 2010 par un développeur français, Thibault Duplessis. Le nom fait référence aux mots live/light/libre et chess1: le site est en effet développé sous licence libre. C’est le deuxième site d’échecs le plus fréquenté au monde, avec plus de 3 millions de parties jouées par jour2,3.

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