Dans notre école, nous avons mis en place un journal : les élèves sont en charge de toutes les étapes de création du projet. La réalisation d’un journal met en œuvre de nombreuses compétences : tant spécifiques que transversales. Elle touche toutes les disciplines que ce soit le français comme l’éveil. Le journal permet de réaliser des activités d’apprentissages ancrées sur du sens et orientées sur l’environnement de vie des enfants. Il nous permet également de dépasser les murs de la classe, de communiquer, d’échanger. C’est une source intarissable de découvertes.

Résultat final

Vous trouverez ci-dessous un descriptif détaillé de l’activité. Je vous propose néanmoins d’accéder à la réalisation finale pour en comprendre la finalité. J’ajoute qu’il est certainement possible d’obtenir un résultat meilleur que celui-ci. Tout dépend du temps dont on dispose pour s’y consacrer.

Le document suivant a été réalisé par une classe de première primaire, au mois de décembre : nous sommes donc en pleine phase d’apprentissage de la lecture. Je n’ai pas encore de document plus complexe à présenter. Je referai cette activité avec des plus grands et une conception plus poussée par la suite.

Vous le verrez dans la description, j’ai testé plusieurs versions différentes du journal de l’école. Vous trouverez l’ensemble des versions réalisées via le lien suivant :

Résumé

Objectif(s)

  • Mettre en place d’un journal au sein de l’école destiné à être diffusé via une version papier et une version numérique.
  • Il n’est pas possible d’établir une périodicité de publication. Nous dépendons de l’année scolaire, des projets d’école, des congés, des évaluations… Chaque édition est donc constituée en fonction du temps disponible.
  • Les sujets ne sont pas imposés. Chaque enfant choisit un sujet qui l’intéresse et à la mission de se documenter sur le sujet. Tous les enfants sont donc les acteurs du projet de la planification à la réalisation.

Disciplines

  • De très nombreuses compétences sont en lien avec ce projet. Bien sûr, le français est la discipline principale, mais de nombreuses autres disciplines sont abordées selon le thème de chaque article. Je vous présente les relations entre les différentes compétences d’intégration en français. Pour une liste détaillée des compétences, je vous invite à vous rendre en fin de page.

Âge cible

Pour la réalisation elle-même du journal, je conseille de développer ce projet au niveau du cycle 4 (10-12 ans). Néanmoins si les grands pilotent le projet, toutes les classes peuvent participer au projet en déléguant certaines tâches à des plus jeunes. Par exemple :

  • Réaliser des interviews
  • Rédiger une lettre
  • Raconter une activité vécue
  • Faire un dessin explicatif

Il est donc possible de faire intervenir des élèves très jeunes. Je vous invite à découvrir le passage de description sur le parrainage possible d’élèves sur cette page.

Matériel

La réalisation complète d’un journal nécessite l’usage d’un matériel important. J’ai donc petit à petit constitué une réserve d’outils qui nous permet de réaliser confortablement notre journal. Chaque outil répond à un besoin particulier :

Recherche d’informations

  • Connexion internet
  • Tablettes
  • Ordinateurs portables ou non
  • Enregistreur MP3
  • Caméra

Transmission des informations

  • Connexion internet
  • Site internet
  • Service Cloud

Les plateformes proposées aux écoles peuvent être très utiles : Google Éducation ou Microsoft Éducation.

Logiciel / application

Tout va dépendre du mode de fonctionnement que vous choisissez. Néanmoins, quelques types d’applications sont incontournables :

  • Traitement de texte collaboratif (notre école travaille avec Google Docs)
  • Audacity
  • Cloud : google drive, Onedrive, Dropbox, etc

Plus-value TICE

  • Ce projet est sans doute celui qui fait le plus appel à l’usage des technologies. Les enfants découvrent un usage qu’ils n’envisageaient peut-être pas d’outils dont ils disposent à la maison. Nous sommes donc réellement dans l’éducation aux médias à travers la découverte des outils technologiques de l’information et de la communication.

Je place cette activité sur le niveau « Redéfinition » de l’échelle SAMR. Si les journaux d’école existaient déjà avant l’apparition d’internet et des outils numériques, il n’était cependant pas possible d’ouvrir le journal à l’extérieur de l’école à l’échelle d’internet.

Descriptif de l’activité

Je vous présente ici la façon dont nous avons construit l’activité en fonction de notre organisation, des élèves, etc. Je vous encourage à vous approprier l’idée pour qu’elle soit complètement adaptée aux besoins de tous les intervenants.

Avant de se lancer dans l’activité, il est essentiel d’avoir pris le temps de s’approprier l’application : je vous invite à créer votre propre animation pour vivre l’activité en tant qu’apprenant.

L’activité nécessite l’organisation de différentes séquences. Certaines sont essentielles pour atteindre les objectifs fixés. Au démarrage de l’activité, il est important que les élèves connaissent l’objectif final du projet.

Cliquez sur l’image pour la voir en grand :

Lancement du projet

Si le projet du journal se perpétue chaque année, sa construction reprend à zéro chaque fois qu’une nouvelle classe prend le projet en main. Je distingue différentes étapes au projet qui permettent aux enfants de monter le projet pour ensuite y ajouter fréquemment des pierres. Ces étapes ne sont pas chronologiques, elles sont imbriquées les unes dans les autres :

  • Construction de la structure du journal
  • Recherche d’informations
  • Élaboration du contenu
  • Diffusion du journal

Animations par le JDE

Le Journal des enfants organise des animations en classe afin de découvrir les caractéristiques, mais également pour apprendre comment écrire un article ou encore pour découvrir l’importance des photos qui accompagnent un article de journal. Vous trouverez toutes les informations utiles à ce sujet en suivant ce lien.

Il est important que les élèves puissent s’approprier le projet. C’est la raison pour laquelle nous faisons réfléchir les élèves sur le titre du journal. Ils peuvent éventuellement conserver le titre existant ou décider d’en changer.

Pour ce faire, nous procédons d’abord par brainstorming où chacun peut identifier des mots qui définissent les caractéristiques de notre journal. Cette liste permettra aux élèves de définir un titre cohérent. Chaque élève est invité à réfléchir à un titre : sans obligation d’en trouver un. Les titres proposés sont rassemblés dans un formulaire en ligne. Nous pouvons alors procéder au vote du titre.

Une fois le titre défini, nous pouvons nous lancer dans la réflexion du logo. Avant la réalisation du logo, une étape de découverte est nécessaire : différents logos sont présentés aux élèves et nous en dégageons les caractéristiques principales. Cela nous permet d’avoir des critères précis auxquels devront répondre notre logo. Les élèves ont travaillé au logo en équipes. Là encore, nous avons placé les logos dans un formulaire afin de procéder à un vote.

Voici un exemple de logo qui a été réalisé. Le logo a été pris en photo et transformé ensuite en version électronique. Ce ne sont pas les élèves qui ont réalisé la transformation électronique. Je l’ai fait en collaboration avec une autre personne à l’aide du logiciel Inkscape.

Comme vous pouvez le voir, nous avons décidé d’associer le logo final à un autre titre.

La forme adoptée pour le journal

Selon les années, j’ai testé plusieurs formules de journal.

  • Une version réalisée à l’aide d’un traitement de texte et partagée sous forme de PDF (exemple ici).
  • Une version réalisée à l’aide de l’outil Microsoft Sway (exemple ici).
  • La réalisation d’un site internet à l’aide de Google Site pour une édition de journal spécifique où chaque article avait sa propre page (exemple ici)
  • La publication des articles sur le site de l’école, au fur et à mesure de leur rédaction (exemple ici).

Pour ma part, je me suis fixé sur la publication des articles sur le site de l’école au fur et à mesure de leur rédaction. Le fait de publier les articles progressivement assure que le texte sera lu par bien plus de personnes. En effet, lorsque nous fournissons le journal complet, nous nous rendons compte que les lecteurs ne vont pas jusqu’au bout. Dans la formule de publication progressive, le travail de chaque élève est mis en valeur. L’article peut alors être lié à d’autres pages sur le site de l’école. Cela donne plus de sens et implique vraiment les élèves dans la vie de l’école.

Outils numériques

Il existe des sites et des applications qui permettent de créer un journal avec des élèves. Je suis navré, mais je ne vais pas vous donner une liste ici. De toute façon, elles sont très faciles à trouver. Je n’aime pas les applications créées dans ce sens. Je pense (et cela n’engage que moi) qu’il est bien plus intéressant d’apprendre aux élèves à utiliser des outils qu’ils utiliseront plus tard : principalement le traitement de texte. De plus, beaucoup des outils proposés pour la création d’un journal sont des outils fermés : souvent restreints, car il faut payer pour utiliser plus de fonctions. Restreints aussi, car la façon de partager le contenu est dépendante de l’outil choisi. Le traitement de texte nous permet de dériver vers n’importe quelle formule de partage par la suite.

J’ai donc formé nos élèves à utiliser un traitement de texte collaboratif qui permet à chaque intervenant du texte un accès facile. Nous pouvons utiliser le système des commentaires pour guider les élèves et on peut partager le document avec des degrés d’accès différents : éditeur, lecteur, commentateur. Ce procédé fonctionne très bien. Nos élèves ont donc développé les compétences suivantes :

  • Maitrise du clavier
  • Insérer des photos
  • Faire des colonnes
  • Utiliser les styles
  • Faire des listes à puces
  • Souligner, mettre en gras, etc.
  • Changer de police
  • Changer la couleur
  • Utiliser le correcteur orthographique
  • Partager un document avec d’autres élèves ou enseignants

En parallèle, nos élèves et nous-mêmes utilisons un service de stockage en ligne qui nous permet de placer des photos, interviews, vidéos, etc. Nous appelons cela notre « salle de rédaction ».

Il y a quelques années, j’ai testé une autre formule : j’ai créé un site sous forme de Wiki (même principe que Wikipédia). Cela fonctionnait également très bien, mais il manquait l’apprentissage de l’utilisation d’un traitement de texte.

Recherche des informations

Au fil de l’année, les enfants découvrent qu’il existe plusieurs sources de contenu :

  • les livres d’informations (et donc la bibliothèque)
  • des livres de référence (dictionnaires, encyclopédies)
  • les journaux
  • les personnes (à travers des interviews)
  • des sites internet avec divers contenus :
    • textes
    • sons
    • vidéos
    • images

 Nous mettons l’accent sur le fait qu’il est nécessaire de croiser ses informations, de varier les sources. Bien sûr, cette habitude s’installe au fur et à mesure de l’année. Au départ, les enfants ont beaucoup de difficultés à restituer une information sans la recopier telle quelle. Nous mettons rapidement donc l’accent sur la notion de « propriété intellectuelle ».

 Trois mots régissent donc nos recherches d’informations : croiser, vérifier, reformuler.

Réaliser des interviews

C’est la partie que je préfère. S’il est intéressant d’apprendre à chercher des informations dans une bibliothèque, des livres ou sur internet, je trouve encore plus enrichissant de s’approprier son environnement en réaliser des interviews de personnes proches de l’école ou de son quartier.

En tant qu’enseignant, il faudra mettre en place des activités qui permettront aux élèves de maitriser la formulation de questions : non seulement en assurant une structure de phrase correcte, mais encore formulant des questions qui incitent la personne interviewée à formuler une réponse détaillée et ciblée sur l’enquête.

Aujourd’hui, les outils pour réaliser des interviews sont à la portée de tous. Tous les téléphones ou tablettes disposent d’applications gratuites qui permettent d’enregistrer du contenu audio. Les élèves peuvent donc même faire cette activité en autonomie. C’est ce que nous faisons chez nous : certaines interviews sont réalisées à l’école avec notre matériel et d’autres sont faits par les élèves avec leur matériel.

Parrainage d’élèves plus jeunes

Si le projet est initié par les élèves plus grands, cela n’empêche pas de faire participer d’autres élèves. C’est même conseillé ! Je vous invite à consulter le document descriptif que nous avons réalisé sur cette partie du projet.

Vie de chien – Yapaka

En parallèle, lorsque j’étais au cycle 3 (8-10 ans), j’ai participé au projet « Vie de chien ». Ce projet permettait aux élèves de voir des journalistes au travail puisqu’ils venaient à l’école pour filmer les élèves. De plus, certaines interventions de nos élèves étaient publiées dans le journal « Métro ».

Voici une de nos capsule :

https://youtu.be/HulcDDRIdEw

Lors du confinement en 2020, la cellule Yakapa a cherché des élèves qui pouvaient envoyer des vidéos tournées de chez eux où ils s’exprimaient sur leur vécu par rapport au confinement. Comme mes élèves étaient habitués à ce genre de travail, nous avons répondu à la demande :

https://youtube.com/playlist?list=PL2hlDdobiJIOlM0SyRYKQ1_cKD49piKQQ

Fakenews

Je trouve particulièrement utile et intéressant de former les élèves à détecter les Fakenews et à en comprendre les enjeux. Pour ma part, je donne aux élèves quelques textes issus de Fakenews en leur disant que c’était des informations qu’il était important pour eux à découvrir et qu’il faudrait se les approprier pour le journal. Bien sûr, ces informations étaient particulièrement énormes. Néanmoins, tous les élèves ont cru dur comme fer à la véracité des informations, car cela venait de moi. Je leur ai bien sûr annoncé le jour suivant qu’il s’agissait de fausses informations. Le fait d’attendre le jour suivant a permis aux élèves de se rendre compte qu’ils ont transmis l’information à d’autres sans réellement vérifier ce qu’ils racontaient.

Journal parlé

Enfin, j’ai exploré également le journal parlé. Ce projet est très spécifique et demande l’utilisation d’un matériel important. Je pense que cela peut s’insérer dans le projet global du journal, mais n’en ferais pas un journal habituel : cela demande une logistique et un travail trop important.

Liste détaillée de compétences

Savoir lire

Diverses compétences sont sollicitées et travaillées tout au long de l’année. Voici les essentiels pour notre cycle :

  • Repérer et identifier les informations relatives aux références d’un document : titre, auteur(s)…
  • Choisir, en fonction du projet et du contexte de l’activité, un (des) document(s) dans une bibliothèque.
  • Anticiper le contenu d’un document en utilisant ses indices externes et ses indices internes.
  • Identifier la fonction d’un document.
  • Choisir, en fonction du projet de lecture, la stratégie de lecture intégrale ou sélective.
  • Dégager des informations explicites d’un document :
    • des informations essentielles ;
    • des informations secondaires.
  • Reformuler des informations d’un texte structuré et plus long.
  • Utiliser des informations d’un texte structuré et plus long.
  • Distinguer le vrai du faux :
    • dans le récit d’un fait ou évènement vécu en classe ;
    • dans un autre document.
  • Reconnaitre dans un texte :
    • la structure dominante narrative ;
    • la structure dominante dialoguée.
  • Repérer les marques de l’organisation générale :
    • du document : repérer la mise en page
    • du texte :
      • reconnaitre le genre à partir de la mise en page,
      • repérer les paragraphes,
      • repérer des organisateurs textuels,
      • repérer des temps verbaux.

Savoir écouter – lors d’interviews ou de visites, par exemple.

  • Déterminer en tenant compte du projet et du contexte :
    • l’intention d’écoute ;
    • le locuteur/les interlocuteurs ;
    • les modalités de la situation (lieu, support utilisé)
  • Choisir une stratégie d’écoute en fonction de l’intention déterminée, du projet et du contexte.
  • Dégager les procédés linguistiques qui garantissent la relation (courtoisie/politesse) au sein d’une communication orale.
  • Dégager des informations répondant à un projet inhérent à son cadre de vie collectif.
  • Vérifier, en les confrontant au contenu du message oral, des hypothèses émises personnellement ou proposées par autrui sur la suite d’un message oral (interview, reportage…)
  • Prélever, selon la perception du sens global du message présenté dans une structure simple, des informations à reformuler.
  • Repérer l’attitude corporelle qui accompagne le message oral.

Savoir parler – lors d’interviews ou de visites

  • Formuler des questions relatives à des informations du message oral.
  • Reformuler des informations dégagées du message oral écouté.
  • Lire, face à un public familier, un message à voix haute avec lecture mentale préalable.
  • Assurer la cohérence des idées exprimées. Veiller à la présentation phonique du message dans une situation de communication élargie.

Adopter une attitude corporelle adéquate à la situation de communication.

Élaboration du contenu – compétences mises en œuvre

Savoir écrire

  • Orienter son écrit en tenant compte des critères suivants :
    • l’intention poursuivie
    • le statut du scripteur
    • le destinataire
    • le projet
    • le genre de texte
    • les procédures connues et les modèles observés
    • le support matériel.
  • Élaborer le contenu d’un message à partir de ses connaissances et d’une autre ressource selon le projet d’écriture.
  • Réagir à des documents écrits, sonores, visuels… en exprimant une opinion personnelle et en la justifiant d’une manière cohérente.
  • Assurer l’organisation d’un texte en utilisant le modèle de texte donné.
  • Utiliser des facteurs de cohérence entre phrases et groupes de phrases d’un texte.
  • Utiliser de manière appropriée :
    • Les structures de phrases
    • Les signes de ponctuation
  • Orthographier les productions personnelles (en ayant recours aux référentiels d’orthographe grammaticale).
  • Utiliser un vocabulaire précis et adapté à la situation de communication.
  • Assurer la présentation au niveau graphique :
    • Mise en page selon le genre
    • Écriture soignée et lisible
    • Écriture à l’aide d’outils (traitement de texte)